Noir Jaune Blues, et après? Huit mois d’immersion, un vent d’espoir

« Noir, Jaune, Blues, et après ? », c’est une aventure journalistique hors du commun qui trouve son épilogue –  provisoire – dans notre dossier.

Une aventure qui a débuté en janvier 2017 avec la diffusion, sur les supports de la RTBF et du Soir, de la grande enquête « Noir Jaune Blues, 20 ans après », réalisée par Survey&Action et commanditée par la Fondation « Ceci n’est pas une crise ». Une enquête qui montrait les inquiétudes, les questionnements et, parfois, le ras-le-bol des Belges face aux principaux sujets de société. Une enquête que les rédactions de nos deux médias ont reçue comme une gifle dans la figure, tant les résultats étaient alarmants, sur le rejet de l’étranger, des institutions, des politiques et… de la presse.

Face à ces constats, nous avons décidé de répondre à cette déconnexion avec autant de volonté que d’humilité, en choisissant la voie de l’immersion. Pendant huit mois, plus de cinquante journalistes, photographes et techniciens ont sillonné Bruxelles et la Wallonie pour écouter les gens. Tout simplement. Longuement. Attentivement. Passionnément. Une aventure hors du commun, à la fois basique mais pourtant originale et, dans un sens, nécessaire.

Nos journalistes ont rencontré un bon millier de personnes, ont entendu leur vision de la société, leurs problèmes de mobilité, d’emploi, de logement leur rapport parfois compliqué à « l’autre », quel qu’il soit, mais aussi leurs espoirs. Ils ont également suivi leurs initiatives, nombreuses, leurs pistes pour un avenir plus radieux. Plus solidaire, souvent.

Nous souhaitons ici remercier les habitantes et habitants des communes et quartiers concernés d’avoir partagé avec nous leur quotidien avec leurs colères et leurs espoirs. Partout, l’accueil fut très positif pour nos équipes. Ces citoyens nous ont permis d’écrire ou de montrer en quelque sorte un « cahier de doléances » contemporain et le livre de quelques solutions future. Soyons clairs: la conclusion de ces 15 immersions n’est ni un sondage, ni même une radiographie de la Communauté française: nous ne sommes pas des sociologues ou des académiques. Nous ne nous arrogeons pas le droit de vous faire croire que nous savons ce que sont ou ce que veulent les Belges. Le papier bilan que nous proposions ce vendredi, c’est à la fois le résumé forcément subjectif de nos rencontres, des histoires et des témoignages rencontrés sur le terrain, mais aussi et surtout une volonté de regarder vers l’avant et de positiver. En mettant en évidence les projets, les idées, les petites et les grandes actions que nous avons vues d’Arlon à Anderlecht, de Frameries à Embourg. Des idées qui pourraient faire des petits aux quatre coins du Royaume.

Car si nous n’avons jamais éludé les sujets qui fâchent, à commencer par la ghettoïsation de certains quartiers voir de certaines communes – la réaction de quelques autorités locales nous ont d’ailleurs permis de bien ressentir où ces immersions sans fard faisaient utilement « mal »- nous n’avons pas non plus rencontré une population déprimée et sans espoir. Au contraire. Au-delà des constats, c’est sur ces bouffées d’optimisme que nous avons voulu insister.  Avec la volonté, aussi, de mettre en évidence l’écoute, indispensable de la jeunesse.

Ce seizième épisode de « Noir Jaune Blues, et après ? », davantage tourné vers demain que vers hier, représente la conclusion de cette immersion nécessaire, selon nous. Mais il ne marque évidemment pas la fin de notre volonté d’écouter nos lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs ni de susciter à la fois des débats et des actions concrètes. Car cette opération nous a aussi apporté beaucoup sur le plan journalistique, à commencer par la vertu du temps long, de l’échange et l’écoute.

Il incombe à présent à l’ensemble des autorités publiques de tenir compte, aussi, de cette vaste enquête aux côtés de citoyens. De notre côté, elle nous servira évidemment pendant les débats des campagnes électorales – communales et autres – qui se présente dans les prochains mois.

Notre volonté, dans cette opération, était claire: mettre le citoyen au centre du jeu démocratique. Nous allons continuer dans cette voie.

 

Par Jean-Pierre Jacqmin, directeur de l’info à la RTBF
et Christophe Berti, rédacteur en chef du Soir